Elise Capredon – Postdoctorante Hastec 2018-2019
Titulaire d’un doctorat en anthropologie de l’École des hautes études en sciences sociales et chercheuse associée au laboratoire Mondes Américains (UMR 8168). Elle mène des recherches sur les pratiques religieuses de populations autochtones d’Amazonie et s’est spécialisée dans l’étude des mouvements chrétiens amérindiens.
L’ouvrage est disponible sur le site de Karthala.
https://www.karthala.com/religions-contemporaines/3367-christianisme-et-chamanisme-en-amazonie-recompositions-religieuses-chez-les-baniwa-du-bresil
Résumé
Les populations autochtones d’Amazonie sont les cibles de campagnes d’évangélisation depuis la période coloniale. Si certaines d’entre elles ont rejeté ou se sont rapidement détournées des usages chrétiens importés et imposés par les missionnaires, d’autres s’en sont au contraire emparés pour en faire une pratique socioculturelle distinctive.
En Amazonie brésilienne, c’est le cas des Baniwa, un groupe de langue arawak dont les membres adhèrent majoritairement au christianisme évangélique. Établis dans la région du Haut Rio Negro, les Baniwa se sont convertis à ce mouvement d’origine protestante sous l’influence d’une missionnaire étatsunienne au milieu du XXe siècle.
Fondé sur une minutieuse enquête de terrain, cet ouvrage explore les pratiques religieuses des membres de ce groupe et plus particulièrement de ceux qui ont quitté leurs villages pour s’établir en ville ou en périphé¬rie urbaine. À partir d’une réflexion qui articule quatre thématiques – les conversions amérindiennes, l’expansion des Églises évangéliques au Bré¬sil, le chamanisme et les mouvements indigènes – il éclaire une facette méconnue du rapport des Indiens d’Amazonie au christianisme. Alors que les conversions des populations autochtones des basses terres de l’Amérique du Sud sont généralement présentées dans la littérature anthropo¬logique comme des phénomènes éphémères, l’auteure met en évidence la pérennité du mouvement évangélique baniwa qui, sous l’influence des mobilisations politiques indigènes, s’émancipe de la tutelle des missionnaires et des pasteurs non-indiens et se consolide à travers la constitution d’un vaste réseau d’Églises autonomes, tout en donnant lieu à une reconfi¬guration de la place du chamanisme au sein du groupe. Le champ des pratiques religieuses baniwa apparaît ainsi traversé par un double mouvement d’institutionnalisation des Églises indigènes et de patrimonialisation du chamanisme.