6 mai – Journée d’études – Le tournant de 1814 et la renaissance du mouvement magnétiste à la Restauration – HARMONIA UNIVERSALIS Du mouvement mesmérien à l’internationale magnétiste

30 avril 2021 Aucun commentaire »
6 mai – Journée d’études – Le tournant de 1814 et la renaissance du mouvement magnétiste à la Restauration – HARMONIA UNIVERSALIS Du mouvement mesmérien à l’internationale magnétiste
Journée d’étude. Jeudi 6 mai 2021.

Lien ZOOM

https://zoom.univ-paris1.fr/j/99436119167?pwd=WENwWkhrUlRCbmI1UGxjcVZlbjdYUT09

ID de réunion : 994 3611 9167. Code secret : 699424


Programme et résumés des communications


9h15 : Bruno BELHOSTE (IHMC) : Introduction

9h30 : David ARMANDO (ISPF, CéSor) : 1814, le magnétisme et la Restauration. Questions sur l’invention d’une continuité

9h50 : Jean-Luc CHAPPEY (IHMC) : Le magnétisme animal, entre charlatanisme et cosmologie alternative

10h10 Francisco Javier RAMÓN SOLANS (Université de Saragosse) : La diffusion du magnétisme animal en Espagne (1808-1833)

10h30 Auréliane NARVAEZ (Université Paris 1, Panthéon-Sorbonne) : “The chariot of science and the hand of God”. Implantation et diffusion du mesmérisme dans la jeune République américaine : influences, controverses et filiations

10h50 Anne JEANSON (PSL-EPHE/LEM) : Du magnétisme à la magie : le baron Dupotet de Sennevoy (1796-1881)

11h10 Discussion coordonnée par Claire GANTET, avec la participation de Nicole EDELMAN, Pierre-Antoine FABRE et Wolf FEUERHAHN



RESUMÉS DES COMMUNICATIONS

David Armando, 1814, le magnétisme et la Restauration. Questions sur l’invention d’une continuité

L’Histoire critique du magnétisme animal de Deleuze, publié en 1813, a contribué à forger l’idée d’un phénomène qui, disparu de la scène publique avant la Révolution, réapparaît avec force à la fin de l’Empire en se situant dans la continuité du mesmérisme de la fin de l’Ancien Régime. Alors que des études  récentes ont insisté sur la persistance des pratiques du magnétisme après 1789, c’est sur l’apparente continuité qui relierait les doctrines de Mesmer des années 1780 et le magnétisme de la Restauration que cette communication se propose de revenir. Les éléments de continuité sont en effet indéniables à partir des parcours biographiques. Le marquis de Puységur n’est qu’un, sans doute le plus célèbre, des disciples de Mesmer qui reprennent la plume et reviennent, trente ans après, sur le sujet du magnétisme : parmi les autres trajectoires distingués, on compte le père Charles Hervier qui publie en 1817 sa Théorie du mesmérisme. Pourtant cette continuité est aussi l’effet d’une construction qui tend à cacher la rupture majeure opérée par la découverte et la diffusion du somnambulisme artificiel, avec ses enjeux psychologiques et ses évolutions spiritualistes, par rapport à la conception matérialiste et fluidiste de Mesmer. La revendication de l’héritage mesmérien passe également à travers les revues spécialisées qui commencent à fleurir dès 1814. Puységur s’impose alors comme l’un des promoteurs malgré les polémiques qui l’avaient éloigné du maitre.

Jean-Luc Chappey, Le magnétisme animal sous la Restauration entre charlatanisme et cosmologie alternative

Sous la Restauration, le magnétisme subit les critiques tant des autorités scientifiques que des autorités catholiques. La « France des larmes » rejette ainsi en bloc le magnétisme animal et ceux qui s’en réclament sont ravalés au rang de charlatans. La question du magnétisme suscite pourtant de nombreux débats : en 1819, J.-P.F. Deleuze publie ainsi sa Défense du magnétisme animal qui est une réponse à un article de J.-J. Virey publié en 1818 dans le Dictionnaire des sciences médicales. Mais, au-delà même des polémiques sur les origines du fluide magnétique et ses vertus thérapeutiques, il apparaît que la question du magnétisme animal est appropriée par certains auteurs pour élaborer des cosmologies originales à partir desquelles ils proposent de construire de nouvelles morales. Je voudrais illustrer cette idée à travers la présentation de la présence du magnétisme dans les productions d’Antoine Fabre d’Olivet (1767-1825) et de Pierre-Hyacinthe Azaïs, deux personnalités inclassables, souvent présentées comme « illuminées » (G. Gusdorf) ou « ésotériques ». Il s’agit de montrer combien les enjeux du magnétisme s’inscrivent dans la volonté de reconstituer une communauté harmonieuse, le magnétisme servant de support à la construction d’une utopie politique. On pourrait appliquer au magnétisme ce que dit Eward Saïd dit de l’orientalisme : « il s’est élevé au-dessus du réalisme descriptif pour devenir, non plus simplement un style de représentation, mais un langage, un moyen de création ».

Francisco Javier Ramón Solans, La diffusion du magnétisme animal en Espagne (1808-1833)

Cette contribution a pour but d’analyser la diffusion tardive des courants du magnétisme animal en Espagne dans le premier tiers du XIXe siècle. Nous nous intéresserons tout d’abord à la manière dont la guerre d’indépendance (1808-1814) a ouvert les premières brèches dans l’opposition jusque-là inébranlable des milieux scientifiques espagnols au magnétisme, en permettant les premiers contacts et même les premières pratiques de ce courant médical. Cet accueil a également été favorisé par la nouvelle de l’approbation du magnétisme par les autorités scientifiques prussiennes et russes. Dans un deuxième temps, nous analyserons le rôle du Triennat libéral (1820-1823), lorsque le magnétisme a commencé à se répandre en même temps que le galvanisme dans les cercles libéraux et romantiques.  Enfin, dans un contexte très répressif comme celui de la Décennie abominable (1823-1833), nous nous intéresserons à la réception des discussions sur le magnétisme animal de l’Académie française en Espagne, aux expériences qui ont eu lieu à Cadix et à l’interdiction en 1827 de cette pratique par Ferdinand VII comme frauduleuse et libérale.

Auréliane Narvaez, “The chariot of science and the hand of God”. Implantation et diffusion du mesmérisme dans la jeune République américaine : influences, controverses et filiations

Cette présentation s’intéressera aux manières dont le mesmérisme s’implante et se déploie dans la jeune République américaine (1785-1850) et aux mutations que suppose le développement aux États-Unis de cette pratique venue d’Europe.

Nous appréhenderons la trajectoire de la variante états-unienne du mesmérisme dans un perspective transatlantique depuis ses débuts contrariés dans l’Amérique révolutionnaire jusqu’à son implantation puis son essor à partir de la fin des années 1820 jusqu’au début des années 1850.

Nous tâcherons ainsi de mieux comprendre les raisons de ce décalage temporel entre l’Europe et les États-Unis et de mieux cerner les idiosyncrasies du mesmérisme états-unien. Nous nous pencherons notamment sur la dimension subversive du magnétisme animal et sur les débats qu’il suscite au sein du monde académique et des institutions ecclésiales. En réfutant l’autorité de la médecine conventionnelle et des religions positives, le mesmérisme s’inscrit, en effet, dans la tradition de la libre pensée américaine en proposant une forme de déisme scientifique qui ambitionne d’expliquer le surnaturel et de désacraliser les mystères sans pour autant exclure la possibilité d’une transcendance et d’une spiritualité non-théologique.

Anne Jeanson, Du magnétisme à la magie : le baron Dupotet de Sennevoy (1796-1881)

Le baron Dupotet commence sa carrière en 1820 à l’Hôtel Dieu ; les résultats de ses expériences seront intégrés au rapport de la commission Husson, présenté à l’Académie de Médecine en 1831. Explorant lors de séances publiques tant les vertus thérapeutiques du magnétisme que les propriétés du somnambulisme, Dupotet voyage en France et en Europe, notamment à Londres où il forme le Docteur Elliotson à la fin des années 1830. Il dirige de 1845 à 1860 le Journal du Magnétisme qui sera l’un des principaux périodiques magnétistes du milieu du siècle. Il évolue vers un magnétisme de plus en plus spiritualiste, se rapprochant de l’occultisme, sans renoncer cependant aux applications thérapeutiques.

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