Quatre problématiques émergentes
Les chercheurs et enseignants-chercheurs ont eux-mêmes dégagé un périmètre scientifique inédit défini par les relations multiples entre trois termes pris dans leur historicité et dans l’épaisseur de leur dimension anthropologique : savoirs, techniques et croyances. Une réflexion sur la situation présente des travaux en histoire et anthropologie des savoirs, des croyances et des techniques, au niveau international, permet d’identifier quatre problématiques émergentes, par rapport auxquelles le projet HASTEC se situe, pleinement conscient de prendre sa place dans des débats dorénavant mondialisés :
1. une historicisation de la frontière entre savoirs et croyances, entre savoirs profanes et religieux, entre science et spiritualité ;
2. une mise en évidence de l’orientation des savoirs vers l’action, qu’ils soient portés par des techniques ou articulés à des croyances ;
3. la contribution des savoirs, techniques et croyances à l’organisation du corps social et politique par des procédures définies de production et de circulation ;
4. la transformation contemporaine de ces systèmes depuis l’irruption des technologies du numérique.
La vitalité de ces problématiques, qui rendent visibles des frontières et des évolutions souvent inaperçues, est portée par un consortium d’équipes qui leur offriront des compétences multiples, rarement rassemblées, selon un arc disciplinaire et méthodologique qui joint l’étude de la plus haute Antiquité (mésopotamienne, méditerranéenne) à celle du monde contemporain et de ses marges futures, qui associe aussi les disciplines de l’histoire et de l’érudition (philologie et archéologie des mondes anciens et médiévaux), l’histoire des sciences et des techniques (selon la pluralité des acceptions du mot), les méthodes et questionnements des sciences sociales mais aussi les techniques de management, en intégrant les compétences – rarement sollicitées par les chercheurs SHS – qu’offrent des institutions comme le CNAM ou l’ESCP-Europe.
Le projet de recherche sur l’histoire et anthropologie des savoirs, des techniques et des croyances est donc éminemment interdisciplinaire, attentif à l’historicité mouvante d’objets appréhendés dans leurs liaisons multiples, selon une pratique conjointe de l’histoire et de l’anthropologie. Il s’agit de mettre en œuvre une volonté forte de faire travailler ensemble des chercheurs dont les différences et les complémentarités sont des gages de collaborations fécondes.
Ce renouvellement volontariste de la pratique de recherche, valorisant les gisements de compétences, s’effectuera selon quatre niveaux :
1. celui des équipes-partenaires et de leurs programmes propres,
2. celui des « 6 axes de recherche » qui sont le cœur actif d’HASTEC,
3. celui de la construction de modèles (morphologie des supports et types d’inscription des savoirs, des techniques et des croyances, dimensions pragmatique et performative de ces dispositifs),
4. un dernier niveau qui sera réflexif, critique et même prospectif puisque notre pratique de recherche sur de tels objets est elle-même objet de questionnement et conduit à s’interroger sur l’impact des nouvelles technologies sur la production nouvelle du savoir et sur les modalités de sa diffusion et de sa communication.
Ce projet, très intégré, se déploie selon les « 6 axes de recherche », qui tout à la fois spécifient les relations entre savoirs, techniques et croyances dans des champs multiples et selon des thématiques circonscrites, et mettent en synergie des membres de plusieurs Unités engagées dans le LabEx.
Changement de Comue en 2014 : d’héSam à PSL
En 2014, HASTEC a enregistré, outre les doctorants et post-doctorants, 322 personnes relevant de 23 « partenaires », dont 19 unités de recherche (5 EA, et 14 équipes CNRS : 1 UPR et 13 UMR) et aussi 4 « partenaires » spécifiques (Musée du CNAM, ESCP-Europe, Archives Nationales, EPCS Campus Condorcet). Depuis 2011, 429 personnes ont été enregistrées, comme « membres » actifs ou potentiels, parfois pour une durée limitée, dans les diverses listes du LabEx. Malgré la dislocation, en 2014, de la ComUE heSam Université (« porteur » du projet jusqu’en 2014), la communauté des chercheurs et enseignants-chercheurs d’HASTEC a clairement exprimé sa volonté de poursuivre les collaborations scientifiques engagées dans l’espace de dialogue créé collectivement, bien que dorénavant la plupart des partenaires se répartissent, de façon équilibrée, entre la ComuE heSam et la ComuE « Paris Sciences et Lettres » (PSL). L’Ecole pratique des hautes études (entrée dans PSL) continue d’être gestionnaire du LabEx. Depuis le mois d’octobre 2011 ont été lancés, à un rythme annuel, quatre appels d’offres « Recherche », et après évaluation des dossiers de demandes de subventions (par deux rapporteurs en aveugle), c’est au total quelque 147 actions de recherche ou de formation (dont 40% sont pluri-annuelles) qui auront été cofinancées par le LabEx entre 2011 et 2015 (jusqu’à une hauteur de 50% du budget global de certaines opérations), le dernier arbitrage ayant eu lieu le 15 décembre 2014. Parallèlement, HASTEC a fait un choix fort en faveur de la formation des doctorants et des jeunes chercheurs post-doctorants, choisis en fonction des objectifs scientifiques du LabEx, et 4 appels à candidatures ont été publiés annuellement depuis 2011 (un 5e appel à candidatures a été publié le 12 février 2015). Les procédures de sélection (double évaluation en aveugle de chaque dossier et audition des candidats pré-sélectionnés) ont déjà permis d’attribuer 10 contrats doctoraux (de 3 ans) et 22 contrats post-doctoraux (d’un an). En outre, le LabEx a cofinancé avec la FMSH 12 bourses Fernand Braudel de neuf mois. La gouvernance est définie dans le Règlement intérieur, adopté le 17 janvier 2013. Enfin, le site web (https://labexhastec.ephe.psl.eu/) assure la communication du LabEx, la publicité des appels d’offres et des procédures d’arbitrage, l’affichage des programmes, des actions et des résultats du LabEx.
Des partenaires multiples, une interdisciplinarité marquée
Ce projet, porté au nom de l’école pratique des Hautes études, rassemble, dans un esprit fortement pluridisciplinaire, plus de 400 chercheurs, enseignants-chercheurs et ingénieurs relevant de 23 partenaires, dont 19 Unités de recherche (EA, UPR et UMR). Cinq autres partenaires de nature spécifique : le Musée du Conservatoire National des Arts et Métiers, une grande école européenne de management (ESCP-Europe), les Archives nationales (Ministère de la Culture), la Fondation Campus Condorcet ou la ComuE « Paris Sciences et Lettres » (PSL) elle-même, confèrent à ce dispositif un visage original et, en ce qui concerne la Fondation Campus Condorcet, l’inscrivent dans un projet – scientifique, urbanistique, architectural – appelé à structurer le paysage de l’enseignement supérieur et de la recherche à l’horizon 2019. Le projet HASTEC se caractérise par une volonté d’asseoir les programmes scientifiques – qui trouveront à se déployer dans les dix ans à venir – sur un réseau associant six institutions renommés EPHE, EHESS, U. Paris I, Ecole nationale des Chartes, Conservatoire national des arts et métiers, ESCP-Europe, ENS (UMR 8546 – AOROC) dont l’EPHE est partenaire. HASTEC est bâti sur le potentiel des Unités de recherche, de leurs structures et de leurs programmes, et aussi sur les offres de formation des établissements d’enseignement. Il valorise et complète ce dispositif, et ainsi contribue à en assurer aussi bien les performances que la visibilité, notamment internationale. Sa programmation décennale vise à l’excellence et explore les voies de l’innovation. Un trait marquant est l’implication dans le projet HASTEC de nombreux chercheurs du CNRS, dont plusieurs Directeurs de Recherche « cumulants » à l’EPHE ou à l’EHESS. L’Unité du coordinateur scientifique du LabEx est une UMR (UMR 8584 – LEM, évaluée A+), et l’on dénombre en tout 11 UMR sur les 20 Unités de recherche du LabEx, mais aussi deux UPR massivement engagées dans le projet (l’UPR 76 Centre Jean Pépin, et l’UPR 841 Institut de recherche et d’histoire des textes), ainsi que la Fédération de recherche 33 de Villejuif, qui propose d’apporter une contribution spécifique, au projet d’Atelier numérique, par-delà les engagements propres de ses trois composantes. En plus des 25 partenaires déjà évoqués, le CNRS, à travers l’ Institut national des sciences humaines et sociales (InSHS), est donc extrêmement impliqué dans le LabEx, avec une proportion significative d’Unités évaluées A+ par l’AERES.