Un colloque international sur l’Histoire et la transmission de la Passio imaginis Saluatoris est programmé du 6 au 8 octobre 2021 à l’Auditorium de l’Hôtel de Ville de Paris.
Affiche et Programme détaillé à télécharger
La Passio imaginis Salvatoris est la première réitération de l’accusation de déicide (787). En mettant en scène une communauté de juifs qui réitère la Passion du Christ, ne fût-ce qu’à travers une icône, non seulement l’accusation de déicide est renouvelée, mais elle redevient également d’actualité, de notre temps. S’il est légitime de poser la question de la première fois (et de sa célébration), l’actualisation a une force irrésistible car elle remet le déicide dans le hic et nunc, dans le temps d’après l’accusation initiale, le temps du pèlerinage. Que le mot eikôn soit traduit en Occident par imago, que l’homme soit fait à l’image de Dieu, ne fait qu’amplifier la répétition. Associée à d’autres textes accusatoires, s’opère ainsi un glissement de déicide vers infanticide et, par extension, vers homicide, avant même les premières persécutions de ce type (XIIe siècle).
Reprise et répétée sans relâche, traversant au fils du temps des registres fort divers de la production littéraire, de la liturgie romaine et byzantine (avant 1000) aux manuels scolaires de l’Université de Paris (avant 1300), en passant par les miracles de la Vierge du nord de la France (avant 1200), elle est repérable dès l’invention de l’imprimerie, dans un cadre savant, par les grandes entreprises éditoriales de l’époque moderne (XVIe et XVIIe siècles). La propagation est ainsi renouvelée par la relecture de la Passio dans des situations historiques très différentes de celle qui avait présidé à sa lecture initiale du VIIIe siècle (testimonium pour la cause iconophile). Décrire sa transmission, ses rebondissements, ses versions, doit nous renseigner sur les coulisses de sa propagande.
Le colloque a pour vocation de replacer la transmission de la Passio imaginis Salvatoris dans cette histoire multiple. Organisé par l’IRHT en collaboration avec l’EPHE, le colloque ouvre un dialogue entre plusieurs laboratoires du Labex Hastec et des chercheurs de différents pays d’Europe (Allemagne, Belgique, Suisse, Italie, Grèce). En réunissant des chercheurs venus de différents domaines (Philologie byzantine et latine, Histoire de la liturgie, Histoire ecclésiastique et religieuse, Histoire de l’Art), les organisateurs espèrent apporter un regard nouveau et transversal sur un texte fondateur et encore peu connu.